Bien­ve­nue dans un monde meilleur

Share

L’arrivée d’un nou­veau mono­ma­niaque dans la blo­go­sphère n’est pas un événe­ment. Je com­mence à écrire dans blogo-​numericus au milieu de la fan­tas­tique armée de blogs repé­rée par les médias récem­ment. Le phé­no­mène est donc déjà passé de mode. Il devien­dra sim­ple­ment un puis­sant et durable phé­no­mène de société. Il avait quitté le camp des pion­niers il y a deux ou trois ans déjà. Puis rejoint celui des adop­tants pré­coces. Aujourd’hui, c’est l’heure des adop­tants tar­difs (mais pas encore des retar­da­taires). L’embouteillage esti­val est à craindre et Bison blo­go­futé aurait bien rai­son d’annoncer de radieuses jour­nées de pro­duc­tion de masse, expo­nen­tielle et foi­son­nante. Lorsque j’ai com­mencé à blo­guer, c’était sous pseu­do­nyme, pour trai­ter, d’une part de sujets pro­fes­sion­nels, d’autre part de sujets per­son­nels. En des endroits pro­pre­ment sépa­rés, culti­vant la mul­ti­pli­cité des pseu­do­nymes comme un ado­les­cent adepte des jeux de rôle et des ava­tars typiques des jeux en ligne ou de la scène des hackers infor­ma­tiques. Car s’exposer est ris­qué. On a dit et redit la dif­fi­culté d’assumer sur la durée un dis­cours aussi public en uti­li­sant son pré­nom, son nom, son matri­cule, son lieu de rési­dence, son numéro de Sécu­rité sociale. Les listes de dis­cus­sion et leurs archives ont depuis long­temps mon­tré les écueils qui guettent toute prise de posi­tion publique sur sup­port élec­tro­nique. Sans aller jusqu’aux pro­blèmes liés à l’étalage de conflits inter­in­di­vi­duels, il faut évoquer les prises de posi­tion poli­tiques, reli­gieuses ou pro­fes­sion­nelles qui sont banales un jour et peuvent pro­vo­quer de graves dif­fi­cul­tés quelques mois, quelques années, quelques décen­nies plus tard. Une vie de prises de posi­tion mémo­ri­sée scru­pu­leu­se­ment par le réseau. Une vie de cas­se­roles, de sédi­men­ta­tion et de com­pres­sions césa­riennes. Le réseau permettra-​t-​il à quelqu’un de chan­ger d’avis, de chan­ger de vie, de chan­ger de vice ? On peut en dou­ter, si le citoyen n’a pas pris la constante pré­cau­tion de se doter d’une deuxième peau en choi­sis­sant un pseu­do­nyme. Et d’en chan­ger aus­si­tôt que sa vie entame un tour­nant signi­fi­ca­tif. Très vite, un pseu­do­nyme désigne quelqu’un qui, sous sa nou­velle iden­tité, est inséré dans un réseau, par­ti­cipe à des entre­prises col­lec­tives, est connu pour cer­taines orien­ta­tions, cer­taines posi­tions, cer­taines lubies. Le réseau ne tisse pas que des liens entre les machines, il en déploie égale­ment entre les indi­vi­dus et les groupes. Dès lors, un indi­vidu uti­li­sant un pseu­do­nyme est un indi­vidu socialisé.

Lire la suite sur Blogo-Numericus…


Share

Vous aimerez aussi...